Soir de Blues au Temps des Crises… c’est bon !

Un grand moment de Blues samedi dernier avec deux « gamins » malicieux, charmeurs et complices.

Impressionnant Dr Burt et son double-mètre tout en os… hiératique, immobile sur scène pendant plus de quarante-cinq minutes avant le concert puis pendant tout le set de son collègue. Immobile, silencieux mais pas absent, loin de là, car il observait absolument tout ce qui se passait dans la salle. Et quand il a joué et chanté, c’est bien le Blues pur (comme on parle du flamenco puro) qui s’est posé sur la scène du Temps des Crises. Aucun artifice, aucun effet… connexion directe avec les tripes et l’âme du bonhomme. Quelle claque !

Et ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre un bonhomme qui est monté sur le ring face à Mohamed Ali (Cassius Clay à l’époque – Golden Gloves 1959 ou 1960), mécano (et syndicaliste) chez Ford et qui a attendu ses soixante-douze printemps pour enregistrer son premier disque… Le roman d’une vie, une vie de roman.

Harrison Kennedy, lui tout en bonhommie et en rondeur, l’oeil pétillant et la parole facile, pro jusqu’au bout des ongles (intervention très sympa aux côtés de Dr Burt pendant les quelques minutes de flottement dues à un petit problème électrique), n’a pas eu besoin de forcer sa voix d’or pour mettre tout le public « dans sa poche » en quelques minutes. Du grand art et un peu de l’histoire du Blues avec le son de ce banjo, instrument originel de la « musique du diable », bien avant la guitare. Et ne passons pas sous silence une très bonne approche des « produits locaux » pour cet épicurien qui cache bien ses soixante-dix piges et dont le Papa (bon sang ne saurait mentir) venait de son Ecosse natale (et oui !) pour faire les vendanges dans la « Loire Valley » il y a bien longtemps, avant d’émigrer au Canada.

De fortes émotions à ranger précieusement dans l’armoire aux souvenirs, emballées dans nos excuses les plus plates pour les désagréments du début de concert avec ce problème électrique incompréhensible (pour l’instant, espérons-le) qui a quand même, selon Sébastien, l’accompagnateur des deux »Papys Blues », contribué à détendre l’atmosphère et a beaucoup amusé les artistes, ravis du côté un peu « bordélique » de l’affaire.

Un dernier petit mot pour vous dire que les artistes, une nouvelle fois, ont tenu à nous dire leur plaisir et leur bonheur d’avoir pu s’exprimer devant un public aussi attentif et respectueux. Merci à vous tous donc…

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GUILLAUME LEDOUX – 7 décembre 2012 à 21h00

Le chanteur de Blankass est sur les routes dans une formule acoustique guitare/piano/voix et présente ses chansons intimistes. Soirée « douceur  » avec des vrais morceaux de poésie dedans …
http://www.guillaumeledoux.com/

Plus d’infos à venir…

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Vol d’instruments

Petit incident qui nous a bien pollué la tête tout le week-end, malgré la superbe prestation de Nina Van Horn et de ses musiciens.
Dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19, après le « Boeuf » au Café Français, Adrien et Hugo se sont fait voler leurs instruments (une guitare électrique noire LTD EC 1000 DELUXE et une guitare basse noire et blanche Jazz Bass Fender Mexique) dans une voiture, sur le parking du « Temps des Crises ».

Une plainte a été déposée à la Gendarmerie de Chinon mais nous avons décidé de diffuser le plus largement possible le descriptif des deux instruments pour les rendre « invendables », au moins localement, toute personne achetant ce matériel sans facture pouvant être inculpée de recel.

Si vous pouvez nous aider à diffuser le plus largement possible l’information, surtout dans le milieu musical (écoles de musiques, magasins d’instruments, salles de concert) et par tous les moyens possibles, mails, facebook, autres réseaux sociaux…

Merci d’avance pour les deux « têtes de linottes » qui se trouvent privées de leurs instruments et qui n’ont pas les moyens de s’en racheter d’autres…

Dominique
Le Temps des Crises

Si vous avez le moindre renseignement à nous communiquer à ce sujet :
06 87 49 26 55 ou letempsdescrises@orange.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PS : Et en venant du Mans (avec Adrien) pour « faire le son », Hugo s’est fait percuter par un camion qui a démoli l’avant de sa voiture… Y’a des séries qui vont font croire à la poisse.

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HARRISON KENNEDY et DR BURT – samedi 24 novembre à 21 h.

HARRISON KENNEDY:
Ancien chanteur du groupe Chairmen of the Board (années 70), mais aussi guitariste et harmoniciste de talent, il exprime maintenant ses racines culturelles les plus anciennes dans un

style emprunté aussi bien au blues, au jazz, au funk, à la folk, au gospel ou au rhythm & blues.
http://youtu.be/L_I95uzp6DU

DR BURT:
Ancien routard du sud profond des Etats-Unis, il fait partie des protégés de la fondation Music Maker qui recherche, enregistre et aide financièrement les derniers représentants du blues originel, passés à côté du succès et de la gloire et qui vivent souvent dans une grande précarité, pour ne pas parler de misère. Utilisant généralement une douze-cordes bricolée-maison, Dr Burt alterne les grands standard du Delta Blues avec ses propres compositions.
http://youtu.be/4sRm_0aGnO8

http://youtu.be/5FLgPnovjfE

Concert à 21 h. Ouverture des portes à 20 h.
Participation aux frais 12 € (+ adhésion obligatoire de 5 € mini pour ceux qui ne l’ont pas déjà effectuée).
Buvette, fouées et tapas… comme d’habitude.

La réservation est plus que conseillée pour ce concert « évènement »… soit par le site www.letempsdescrises.fr rubrique « réservation » à droite de la page, soit par un mail à letempsdescrises@orange.fr. Nota : Dans les deux cas, vous devez recevoir un mail de confirmation pour que votre réservation soit effective.

A samedi…

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BURNING DUST – Vendredi 09 novembre à 21 h.

BURNING DUST on the Hight Tones (pour faire complet) est un groupe de Rockabilly français habitué des rassemblements de Bikers comme des grands festivals rock ou blues (Ils ont même été vus à Avoine en 2009, c’est dire…).

Le groupe, recomposé autour des deux « piliers » que sont Dashing Dan (Guitare/chant) et Phil Baston (Batterie) en intégrant Vince à la basse et Earl Angel à la guitare solo et au chant, arrive à grands coups d’enthousiasme à faire revire la musique des années 50, celle de Cochran, de Gene Vincent et d’Elvis mais à sa manière et sans chercher la copie, en alternant compositions originales et « covers » des grands standard du genre…

Soirée vintage, soirée chaude en perspective…

Ouverture des portes à 20 h.
Concert à 21 h.
Participation aux frais 10 € (+ adhésion à l’association minimum 5 € – obligatoire pour ceux qui ne l’ont pas encore effectuée).
Fouées et tapas « komdab »…

Réservation par la rubrique ad-hoc dans le menu de droite… ou par mail à letempsdescrises@orange.fr

A vendredi et pensez à vous échauffer…

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Nina Van Horn – Vendredi 19 Otobre à 21 h.

Après un premier concert enthousiasmant (et je pèse mes mots) car les BAD MULES nous ont sorti « le grand jeu » (malgré une assistance maigrelette – les absents ont, une fois de plus, eu tort), notre saison va prendre son rythme de croisière avec  l’arrivée prochaine dans nos murs de la grande NINA VAN HORN. Continuer la lecture

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BAD MULES – Dimanche 23 Septembre 2012 à 19 h.

C’est un groupe nantais, Malted Milk qui avait clos (et avec quel punch !) notre première saison, c’est aussi un groupe nantais Bad Mules qui ouvrira la deuxième dans une salle largement modifiée pendant l’été dans le but d’améliorer le confort de tous (spectateurs, artistes, et même organisateurs). Quelques petits travaux de peinture, de finitions et (surtout) un gros nettoyage sont encore prévus ce week-end mais nous serons fin prêts pour le jour J et vous pourrez découvrir un Temps des Crises new look.

Puisque nous redémarrons par un dimanche, nous avons repris la formule apéro/tapas qui avait été très appréciée en avril dernier et, le concert étant prévu à 19 h, nous pourrons vous accueillir dès 17 h.30 pour vous laisser le temps de découvrir les aménagements et de procéder aux adhésions et aux renouvellements d’adhésions, sans embouteillage à l’entrée.

Merci de penser à réserver par le formulaire du site ou par un mail à letempsdescrises@orange.fr pour nous permettre de gérer au mieux les achats de nourriture.

Nos invités du soir, Bad Mules sont des habitués des festivals comme des grandes scènes régionales, nationales et d’au-delà puisqu’ils ont participé, entre autres, au Festival International de Blues de Memphis. Pour les amateurs d’étiquettes, leur musique n’est pas vraiment facile à « loger » puisqu’elle se trouve au carrefour de nombreuses influences, du Blues évidemment, mais aussi du swing, du boogie, du swamp… le tout mitonné longtemps avec beaucoup d’épices et servi brulant par un quartet péchu et inspiré. Plus d’infos sur les loustics en suivant les liens ci-dessous :

http://www.zicazic.com/zicazine/index.php?option=cntent&task=view&id=9084

http://youtu.be/5UglLFTDVXM

– Dimanche 23 septembre. Concert à 19 h. Ouverture des portes à 17 h.30.

– Participation aux frais 10 € (+ adhésion obligatoire de 5 € pour ceux qui ne sont pas encore membres de l’association «Les Cinquantièmes Rugissants »). Sangria et tapas.

 

A très bientôt donc et… pensez à réserver !

 Nota bene. Si nous n’avons pas eu de remarques désagréables concernant le bruit pendant les concerts, il n’en est pas de même en ce qui concerne le stationnement… Veillez SVP à respecter les zones de stationnement indiquées sur le site, c’est très important pour l’avenir de l’aventure Temps des Crises. Merci

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Programmation première partie de la saison 2012/2013

Quelques dates sont déjà fixées pour la rentrée :

Dimanche 23 septembre à 19 h. Bad Mules (Nantes). Cousin germain de Malted Milk, ce groupe propose un Blues Boogie enrichi de multiples influences. Voir l’excellente critique de zicazic en suivant le lien ci-dessous :

http://www.zicazic.com/zicazine/index.php?option=cntent&task=view&id=9084

http://youtu.be/5UglLFTDVXM

Vendredi 19 octobre à 21 h. Nina Van Horn, que l’on ne présente plus, sera notre invitée et nous fera découvrir ses femmes du Blues, entourée d’un gang de « tueurs »

http://www.ninavanhorn.com/

Vendredi 9 novembre à 21 h. le Rockabilly sera au programme avec Burning Dust, groupe parisien familier des festivals et « concentres » de motards… le retour des années cinquante.

Samedi 24 novembre à 21 h. Premiers cadeaux de Noël avec deux Bluesmen d’exception sur notre scène :

Harrison Kennedy un vétéran de la scène Soul de Detroit

Dr Burt, un des « protégés » de la fameuse Music Maker Fondation… Roots, très roots.

Et quelques surprises ne sont pas à exclure…

A très bientôt.

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Le Temps des Crises fait « peau neuve ».

Mettant à profit l’intermède estival, nous avons entrepris quelques « petites » modifications en vue d’améliorer le confort des spectateurs comme des artistes…

La scène a été démontée et va être rehaussée (90 cms pour 30 précédemment) et les personnes de taille réduite (il paraît qu’il ne faut plus dire les petits) seront moins pénalisées qu’auparavant les soirs de grosse affluence. Et si Little Bob revient un jour, tout le monde pourra le voir…

Conséquence directe, nous avons supprimé le plafond de la scène pour que les musicos ne soient pas obligés de jouer à genoux (Bertrand Couloume, un des plus grands, pourra même sauter en l’air avec sa contrebasse). Une partie des lights sera installée au dessus de la scène et une ventilation naturelle est espérée pour évacuer les excédents de chaleur produits par la transe des soirs de concert…

La position des enceintes sera aussi corrigée, les « sub » glissant sous la scène, ce qui devrait supprimer la zone « morte » juste devant le plateau et, si le faux-plafond est installé à temps, le câble multi-paires assurant la liaison entre la console de son et la scène devrait passer en aérien ce qui vous évitera de vous prendre les pieds régulièrement dans la goulotte de protection.

Vous pourrez juger sur le cliché ci-dessous de l’avancement des travaux… et nous espérons bien être fin prêts pour le redémarrage de septembre et la venue de Bad Mules le dimanche 23…

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Il y a eu du Blues à Avoine

Si, si… Et ça c’est passé hier soir dans la cour de l’Atlantide, restaurant sans prétention mais sans doute le meilleur rapport qualité/prix de la région.
Et du Blues sans prétention aussi, mais qu’est ce que ça fait du bien l’absence de prétention sur une scène, quand on s’est fadé pendant des heures des pseudo clones de Robert Plant, de Phil Collins ou du Mick de Fourchette.
Blues familial donc avec Eole, formation du Sud profond puisque originaire de Descartes, composée du Papa, de la Maman et du fiston, préposés aux manches, et d’un cousin installé derrière les fûts. Tout ce petit monde a appris la musique sur le tas, sans passer évidemment par les conservatoires et autres jazz-academy alors ça sonne roots… pas de son trafiqué, pas d’écho camoufleur d’insuffisance, pas de fioritures, du simple, du gras, du lourd, du plaisir, brut de fonderie. Des « covers » évidement mais aussi des « compos » plutôt sympathiques et o combien rafraichissantes après ces brouettes de vieux tubes poussiéreux, sortis de la naphtaline par une programmation mortifère et sans imagination.
L’exemple parfait de ce qui pourrait être proposé dans un festival modeste, où la grenouille ne se voudrait pas plus grosse que le boeuf, où l’on s’occuperait plus de l’oreille et du coeur des spectateurs que du nombril du capitaine, où le Blues ne servirait pas seulement d’argument marketing (ce qui est difficile à comprendre puisque l’on nous répète à l’envi que « le Blues c’est pas vendeur, ça marche pas… »). Un festival où on ne laisserait pas sur le bas-côté des Delta Saints ou des Monkey Junk (deux groupes simplement énormissimes sur scène) au profit de niaiseries pop ou de « tributes » laborieux… Un rêve quoi.

PS : La preuve ultime qu’Eole est un bon groupe : ils sont chaudement recommandés, voire labellisés par le célèbre Jacky de Paulmy, l’homme avec 600 concerts au compteur.

Dominique

Nota Bene : Tout ce qui précède n’est que l’expression de mes propres sentiments et ne reflète en aucun cas une position officielle (ou officieuse) de l’Association « Les Cinquantièmes Rugissants », ceci étant bien sûr précisé à l’intention des quelques paranos qui font une crise d’urticaire à la vue de tee-shirts estampillés « 100 % Blues » ou qui s’étouffent de rage à la moindre critique. Et je précise aussi que la parole est ici libre et qu’il est tout à fait possible (et même bienvenu), après quelques clics (inscription obligatoire) de publier ci-après des avis contraires aux miens…

Pour ceux qui veulent découvrir Eole :

http://fr.myspace.com/525772294

Et pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de Jacky, voir ci-dessous le magnifique papier que lui a consacré Michel Embareck (et merci Fredo pour le « partage »).

Au bistrot de nulle part

Dans son petit bar paumé d’Indre-et-Loire, Jacky redonne une âme au village au son des concerts de blues et d’une légende où l’on croise les Beatles et Jean Gabin.

Par MICHEL EMBARECK Envoyé spécial à Paulmy (Indre-et-Loire)

En ces temps de surbooking au Pôle Emploi, des métiers pourraient ouvrir des perspectives. Bistrologue, par exemple. Profession à risques dont l’hygiénisme ambiant interdit la reconnaissance. Trop souvent assimilé au pochtron, le bistrologue se révèle aventurier des comptoirs, à la recherche d’un second chez lui. L’emploi tient de l’architecture d’intérieur, de la sociologie, du caritatif, du goût de l’authentique et de l’évangélisme. Dernier impétrant au gotha de la bistrologie, le bar de l’Union, à Paulmy (prononcer Pômi).

En tête du palmarès fluctuant de cette science de l’humanitaire figure bien entendu le Charlie’s à Missoula (Montana), où l’on a croisé James Crumley, Jim Harrisson, Deirdre McNamers et le capitaine du Rainbow Warrior. Derrière, au prix de sa légende, se hisse le Bird Cage de Prescott (Arizona). Un soir d’incendie, les clients déménagèrent le comptoir, classé monument historique. Maintenant, le bar de l’Union. Paulmy, Indre-et-Loire, 260 habitants, ni épicerie, ni boucherie, ni tabac, ni journaux. Dépôt de pain à 6 kilomètres, charcuterie à 8. Autant dire le kit de survie à perpète. Pas même un dernier Texaco comme dans une chanson de Lavilliers. Sur la place, une croix peinte au sol indique «la cabine téléphonique». Le seul endroit où passent les portables ! Signe de noblesse évident, les initiés l’appellent «Chez Jacky». A la table de cotation, la familiarité mérite d’autorité une étoile. Côté fréquentation pipole, le patron a tiré le gros lot : Walter Groves, 64 ans, «l’ancien capitaine du bateau des Beatles», comme on l’appelle ici. Tout de suite, ça vous désenclave le territoire.

Lambris ébréchés, tuyau du poêle qui bave la suie par-derrière le comptoir, fils électriques à démêler des toiles d’araignée, toilettes de l’autre côté de la place : le bar de l’Union est «dans son jus», dirait un agent immobilier. Dans son jus depuis 1985, date de sa reprise par Jacky Pineau, ancien professeur de cuisine en établissement technique. Au fond de la salle de restaurant, la mouche crevée dans le globe au-dessus des cinq mètres carrés dévolus aux musiciens, les familiers jurent l’avoir toujours connue. Ménage, époussetage, ripolinage, Jacky n’en a guère le temps.

Un solo de guitare séminal

Sous ses faux airs de Gainsbourg, il tient à lui seul ce village cerné par les bois, sous respiration artificielle. Repas ouvriers le midi, belote ou partie de dominos des vieux l’après-midi, organisation de trois brocantes annuelles, de deux concours de pétanque et, surtout, chaque samedi soir ou presque, un concert de blues-rock qui fait le plein. Quarante sets, en moyenne, pour une centaine de clients. Plus de la moitié des adultes de la commune additionnés de pèlerins cueillis à la ronde. Marchands de bestiaux, artisans, motards, enseignants, agriculteurs, «des prolos et des intellos», résume-t-il.

Sur la nappe à carreaux, un plat unique roboratif (couscous, choucroute, paella, cassoulet, précédé d’une soupe l’hiver), salade, fromage, tarte. Addition : 17 euros, vin en plus. Dans la vapeur des assiettes fumantes, ça parle fort, ça rigole, ça slalome entre les tables une bouteille à la main, ça chante et ça danse. En français comme en anglais. Surtout en anglais lorsque le groupe est réputé pour débobiner les classiques du rock.

L’autre samedi, à l’occasion du concert de Fortune Tellers, des Parisiens experts en reprises, même une très chic antiquaire britannique du canton se secouait les puces sur My Generation des Who. Ici, les stars s’appellent Philippe Ménard (l’ancien leader du groupe nantais Tequila), Malted Milk, Mannish Boys ou Xavier Pillac, des gars qui connaissent la route pour y taper le blues au carré depuis Mathusalem comme s’ils empruntaient le circuit des bastringues du Mississippi. Evidemment, le light show se résume à trois spots souffreteux (vert, jaune, rouge), mais le public sait ovationner un solo de guitare séminal ou un soulignement d’harmonica placé au bon moment. Comme là-bas. Cachet : de 200 à 300 euros pour trois sets d’une quarantaine de minutes, bière incluse et pause cigarette à l’extérieur parmi les spectateurs. Comme là-bas.

Le blues a incité Robert, ouvrier du bâtiment, à adopter Paulmy. «Au départ, le cadre m’a attiré. Ensuite, j’ai découvert un village où tout le monde se connaît, se tutoie, se respecte. Le samedi soir, ça bouge autrement que devant la télé ! L’été, lorsque les concerts ont lieu en terrasse, on prévient seulement les voisins qu’il y aura un peu de boucan !»

Selon Brigitte et Pierre, «Jacky entretient le lien social et la mémoire du village. Aux jeunes, il raconte de vieilles histoires du coin à sa façon. Gentiment. En éludant les querelles de famille. Un mec bien sans lequel Paulmy serait mort». Autre habitué, Bruno Boussard, photographe et graphiste, concepteur de plus de mille pochettes de disques dont toutes celles du label français Dixiefrog :«L’Union incarne le type même d’endroit où les concerts me remplissent de bonheur. Un lieu unique par son esprit, son ambiance, son décor. Il faut absolument le préserver. La première fois, j’y suis allé les mains vides. Depuis, chaque fois j’emporte un appareil.»

Les intimes de comptoir ne cachent pas leur admiration pour la façon dont Jacky a remonté la pente après avoir failli boire le fond. «C’est vrai, à une époque, j’étais tombé complètement pochtron, au point de ne plus faire la cuisine. Et trois paquets de Gitanes par jour ! Un matin, j’ai tout arrêté. Stop. Sans médocs, sans rien. Un an plus tard, je rejouais au foot. J’ai même appris à nager, mais en cachette, pour pas que les gamins du bled se foutent de moi !»

Fut un temps où des vedettes de calibre hollywoodien fréquentaient l’Union. A la fin des années 50, Guy Ferrier, un photographe de mode marié à un mannequin, s’était installé dans une ferme au lieu-dit La Gachetière. L’endroit avait séduit certains de ses amis parmi lesquels la comédienne Odette Laure et son mari Jean Valmans, initiateurs de Quand on est deux, première sitcom de la télé française, en 1962. Ils achetèrent à leur tour une ferme au lieu-dit La Mitellerie. L’actrice ne rechignait pas à donner de la voix au sein des chœurs de l’église ou à parrainer la nouvelle pompe à bras des pompiers ! Chez eux, à «La Galerie», se retrouvaient les acteurs Jean Le Poulain et Guy Trejean, le metteur en scène Jean-Laurent Cochet. Très fréquemment, ils accueillaient Dany Robin, qui tourna sous la direction de Marcel Carné, René Clair, Gilles Grangier, Julien Duvivier ou Hitchcock. Gérard Sabat, le rigolo des Compagnons de la chanson, s’était installé, lui, à La Chauvelière, qu’il ne quitta qu’à la fin des années 90. Mais l’hôte le plus célèbre de l’Union fut Jean Gabin, cousin de Guy Ferrier. «Les terres de La Gachetière lui servaient de poulinière, se souvient un enfant du village, Jean-Marie Charcellay. J’y suis allé en juillet 1970, avec une jambe dans le plâtre, pour épandre de l’engrais dans les prés. Ensuite, je me suis occupé de ses chevaux en Normandie.»

 

Bourlingueurs de Sa Majesté

Aujourd’hui, le show-biz y est représenté par Walter et Jean Groves, la soixantaine, bourlingueurs de Sa Majesté «qui n’ont pas choisi Paulmy mais que Paulmy a choisi». Lui ne fut pas «le capitaine du bateau des Beatles», comme le colporte la légende locale, mais le skipper du Topaz, un ketch de 65 pieds appartenant à leur producteur, sir George Martin, surnommé «le cinquième Beatles». «Nous n’avons jamais accueilli le groupe à bord, car il n’existait pas assez de cabines pour les loger avec leurs gardes du corps. En revanche, et jusqu’à ces dernières années, Paul McCartney téléphonait fréquemment. George Martin nous a raconté de nombreuses anecdotes à leur sujet, mais celles-ci demeurent trop intimes… La première fois où ils se sont présentés devant lui, musicien de formation classique, il a refusé de les signer, jugeant le groupe horriblement mauvais. Ils sont alors revenus et, là, à l’écoute d’un arrangement pop, George a compris qu’un génie musical habitait John et Paul, se souvient-il. A de nombreuses reprises, nous avons embarqué des musiciens parmi lesquels les Beach Boys, dont George reste très proche. La nuit, tout le monde jouait sur le pont ! En 2000, cet homme d’une gentillesse confondante nous a fait inviter lors d’une réception donnée à Buckingham Palace en présence de la reine. Il y avait les Beach Boys, d’autres groupes et puis, Brian May, le guitariste de Queen qui, perché sur un toit, a joué God Save The Queen !»

Les Groves préfèrent la compagnie des autochtones à celle de leurs concitoyens, nombreux dans les environs et qui forment un cercle hermétique même lors des fêtes de village. «Les gens d’ici, sympathiques, honnêtes, francs, savent profiter du temps et apprécier les produits du terroir. Ils nous ont initiés à l’art de vivre à la française. Et combien de soirées extraordinaires chez Jacky ! Ce lieu correspond exactement à l’idée que nous nous faisions de la France après avoir sillonné les océans. Si nous étions plus jeunes, reprendre l’Union constituerait un formidable challenge.»

Car Jacky fera officiellement valoir ses droits à la retraite fin septembre. Nul ne sait si l’établissement lui survivra. La communauté de commune s’est déclarée prête à acquérir les murs avant d’effectuer les (gros) travaux de mise aux normes. Reste à trouver un homme-orchestre, cuisinier, barman, serveur, animateur sociomusical rural qui sache perpétuer l’état d’esprit d’un confetti de paradis. «Pour qui aime la chasse, la pêche, les champignons, les balades en forêt, l’air pur, le calme et… le blues, c’est un endroit idéal entre le Futuroscope et la Brenne», affirme le patron. Avant d’ajouter : «D’accord, il faut être un peu solitaire… » Comme la mouche dans le globe à l’aplomb du chanteur.

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